Grandes faiblesses du coureur, les tendinopathies font des ravages. Souvent dues à des sollicitations trop longues ou trop intenses, elles sont l’ennemi du marathonien comme du coureur de dix bornes. Le problème ? C’est le tendon lui-même qui fonctionne comme une corde en mauvais état.
Rien de pire que d’ignorer les appels au secours de son corps… Ce sont pourtant les premiers symptômes des tendinopathies d’Achille ! Souci majeur : la zone tendineuse et le tendon sont des régions très pauvrement vascularisées mais richement innervées, ceci expliquant leur grande sensibilité. Les fibres tendineuses se rompent plus facilement que n’importe quel muscle du corps humain, tout en cicatrisant lentement. Son lien direct avec les muscles du mollet (voir encadré) en fait un élément anatomique des plus sollicités. Sauf que, bien qu’étant élastique (sa qualité première qui diminue avec l’âge), il souffre très vite du surmenage.
Trois stades de tendinites
Il existe trois phases de tendinites. Le premier stade, le plus bénin, s’exprime sous forme d’une douleur qui survient après l’effort et qui disparaît tout aussi rapidement qu’elle est survenue. Ensuite, vient la douleur qui n’apparaît qu’avant et après l’effort. En revanche, si la douleur se révèle vive et omniprésente même en dehors de la pratique sportive, stoppez tout ! Cette dernière phase peut, dans les cas les plus extrêmes, être la dernière alerte avant la rupture du tendon. Il ne reste plus qu’à se ménager pour éviter une cicatrisation lente et douloureuse (en raison de la pauvre vascularisation de cette zone du corps). Deux sortes de ruptures du tendon sont possibles.
La première, pas toujours reconnue par les professionnels, consiste en une rupture partielle. À l’image d’une corde incomplètement cisaillée, le tendon est déchiré, mais toujours maintenu par quelques fibres tendineuses.
Le second type de rupture, c’est la rupture totale du tendon. Autrement dit, la corde a rompu net. L’une ou l’autre survient souvent lors d’un effort violent (réception forcée sur un saut, trail) ou lors d’un départ sur startingblocks avec un tendon déjà mal en point. Une intervention chirurgicale est quasi obligatoire dans ces cas-là. Une longue période de rééducation est nécessaire avant de pouvoir reprendre la course à pied. La souffrance tendineuse peut se faire à plusieurs niveaux : sur le tendon lui-même, sur la gaine qui le protège, sur ses attaches sur l’os du talon, sur les tissus graisseux, voire sur les bourses séreuses acheuléennes qui, à cause de leur proximité avec le tendon, peuvent rapidement dégénérer en inflammation générale.
Les causes des tendinites peuvent être variées et pas toujours bien comprises. L’hydratation joue un rôle important dans le développement des tendinites.
L’hydratation primordiale en prévention
Constituant numéro un de l’organisme, l’eau permet d’assouplir les tendons puisque ici encore, le fonctionnement demeure identique à celui d’une corde. Sèche, elle aura plus facilement tendance à rompre.
L’alimentation peut aussi favoriser une souffrance tendineuse. Surentraînement ou surmenage (avec la répétition du geste sportif) du tendon peuvent aussi influer directement sur le tendon. Un déséquilibre (tel qu’un trouble postural) fatigue également le corps.
Rien de pire pour les tendons quand ils doivent compenser des problèmes de bassin, de dos, de genoux ou des soucis d’ordre podologique qui nécessiteraient des chaussures ou semelles adaptées ! Une mauvaise hygiène dentaire est une cause moins connue de tendinopathies. Une raideur importante des muscles du mollet avec un manque global d’élasticité en flexion dorsale de cheville (lorsqu’on relève le pied) fait aussi parties des nombreuses causes de la tendinite d’Achille, les étirements ont donc un rôle primordial préventivement ! Plus curieusement, une tendinite peut aussi se déclencher hors efforts, sous traitement médicamenteux, et notamment, sous antibiotiques !
C’est pourquoi, en cas d’antibiothérapie, votre médecin doit indiquer si une pratique sportive reste compatible avec la prise de ces médicaments. Tendon douloureux, palpation sensible ou gonflement anormal ? Des examens adaptés s’imposent. L’examen le plus simple à mettre en place reste l’échographie qui localisera l’inflammation. En cas d’inflammation trop importante, une IRM est nécessaire. Notez que les plus petites tendinites, facilement comprises et faciles à soigner, n’auront pas toujours besoin d’être analysées en profondeur. Mais que faire alors lorsqu’on est atteint d’une tendinopathie ?
L’avis d’un spécialiste est nécessaire : la gravité de la tendinite doit être évaluée. La première chose à faire consiste à supprimer la cause de la tendinite. Le repos total ou partiel devient obligatoire, l’utilisation de glace est conseillée (jamais à même la peau pour ne pas vous brûler et au moins dix minutes une à deux fois par jour). Le travail de kinésithérapie se révèle aussi très important lors de la prise en charge d’une tendinite d’Achille (par MTP : Massages Transverses Profonds, Ultrasons et autres physiothérapies). Notez enfin qu’il est déconseillé d’abuser des anti-inflammatoires qui masquent la douleur et vous feront peut-être forcer à tort. Les conseils de son médecin sont bien évidemment à suivre le plus fidèlement possible. De manière préventive, un coureur régulier devrait consulter son « équipe médicale » deux à trois fois par an (voir l’encadré « L’avis du pro » ci-dessus).
Restez à l’écoute de votre corps et de vos tendons
Toujours prêter attention aux signaux que nous envoie notre corps et veiller à ne pas trop tirer sur la corde. Une mauvaise cicatrisation sur un tendon souffrant risque donc d’engendrer une rupture (même partielle) lors d’une séance trop dynamique. D’où l’importance de modérer son repos et d’adapter son travail à la cicatrisation.